Musique
ZAZ01/05/2022
ZAZ a fait officiellement irruption sur la scène de la chanson française le 10 mai 2010. Un nouveau grand talent est donc né ce jour-là.
Cela faisait quelque temps que l’on suivait cette jeune chanteuse apparue sur la Toile (Youtube et Dailymotion). On se disait alors que sa voix cassée était faite pour porter bien haut les couleurs de la chanson française celle, populaire d’Edith Piaf, celle qui est intimement liée à l’univers du blues de Paname, celle qui a le don de vous donner la chair de poule. En ce printemps 2010, ZAZ vient d’éclore officiellement tout comme Camelia Jordana mais son itinéraire est fort différent.
Ce disque, ZAZ le sort après s’être confrontée à des publics hétéroclites et bien réels et non pas à des téléspectateurs. Elle s’est façonnée en suivant une voie artisanale qui fait plus penser aux Ferrat, Brassens, Brel ou Piaf qu’aux vedettes des années télé-réalité et Internet. A coup d’aventures scéniques, ZAZ a mené progressivement son talent et sa voix à maturité, y apportant une générosité, une énergie et une fraîcheur qui font plaisir à voir et à entendre.
On la retrouve, diffusant le plus souvent le répertoire de Piaf son idole, tantôt au Japon, en Egypte, en Sibérie, à Casablanca ou au cœur même de Paris. Il y a quelque chose de touchant chez cette môme revisitant sans artifices des blues des rues de Paris tels que Dans ma rue ou Mon amant de Saint Jean, des chansons qui, grâce à cette artiste sont rendues à leur milieu naturel : les pavés parisiens.
ZAZ a une personnalité qui aurait bien plu à Jean Ferrat1. Elle a décidé de mettre ses pas dans ceux de ses illustres prédécesseurs et c’est un vrai plaisir d’admirer le travail abouti qu’elle livre avec cet album éponyme. Il faut écouter Je veux, titre carte de visite qu’elle arbore [allons ensemble découvrir ma liberté, oubliez donc tous vos clichés, bienvenue dans ma réalité].
ZAZ aborde son art simplement, sans se prendre la tête. Auprès de ce public dont elle recherche un contact vital, elle dégage un bel enthousiasme et en même temps une réelle fragilité. Sa voix éraillée est fêlure et émotion. Ici, elle la place sur des rythmes éclectiques : manouches entraînants Ni oui ni non, Les passants, folk dans le très beau Port Coton écrit par Raphaël, blues dense avec le bouleversant Trop sensible ou encore jazz avec l’espiègle Prends garde à ta langue .
ZAZ est passée en quelques mois du statut d'excellente surprise, à celui de formidable confirmation. On peut compter sur elle, sur sa voix et son tempérament, pour porter dignement les couleurs d’une certaine chanson française, ambitieuse et populaire à la fois. Assurément ZAZ aurait plu à Jean Ferrat.
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1. Décédé en mars 2010, deux mois avant la consécration de ZAZ