Littérature
Une aventure de Blake et Mortimer, Le dernier pharaon Schuiten, Van Dormael, Gunzig, Durieux - Editi01/10/2019
Blake et Mortimer. Tout le monde a entendu parler de ces personnages au moins une fois, quand bien même il n'aurait pas lu leurs aventures. Deux compères, le capitaine Francis Blake et le professeur Philip Mortimer, spécialiste en physique nucléaire,
Du neuf avec du vieux ?
Avec Blake et Mortimer, nous sommes en présence d'un classique de la bande dessinée. Hélas l'auteur, Edgar P. Jacobs, disparaît en 1987, laissant les héros orphelins. Quelques années plus tard, plusieurs auteurs, et non des moindres, ont redonné vie aux personnages.
C'est cette fois le célèbre dessinateur François Schuiten, vieux routard de la bande dessinée, à qui on doit la saga des Cités obscures, scénarisée par Benoît Peeters. Schuiten est un grand, un monstre sacré du 9ème art. Son trait, classique à souhait, ne risquait guère de détonner dans une série comme Blake et Mortimer. Qui plus est, plusieurs auteurs ont collaboré au scénario, dans le souci de respecter l'esprit d'une série déjà ancienne aux codes scénaristiques et visuels bien établis.
Première constatation : nos héros ont vieilli. Le professeur Mortimer coule une retraite paisible. Le voilà pourtant appelé en urgence à Bruxelles. Sa mission : en apprendre davantage au sujet d'un rayonnement électromagnétique colossal dont la source se situe sous le palais de justice de Bruxelles. On nage en plein steampunk, style rétrofuturiste qui aime mêler des éléments historiques et technologiques du XIXème siècle finissant (ou du début du XXème) à des éléments fantastiques. Un choix intéressant et qui a le vent en poupe depuis plusieurs années.
Tout est réuni pour charmer le lecteur. L'album conjugue l'art narratif désormais éculé de la bande dessinée des années 50, avec ses nombreux phylactères, un aspect science-fiction volontairement datée (une certaine forme de steampunk); le dessin de Schuiten, plus souple que celui de Jacobs parvient à restituer l'esprit de la série originale en y insufflant une discrète touche contemporaine.
Un mariage heureux
La réputation de Schuiten est bien établie dans le milieu de la bande dessinée depuis des décennies : son art, si évocateur, plonge très rapidement le lecteur dans une ambiance unique, nous faisant adhérer aux histoires les plus déroutantes dans des villes aux perspectives géométriques angoissantes. Même ceux qui n'apprécient pas ou ne connaissent pas Blake et Mortimer liront Le Dernier Pharaon avec plaisir.
Schuiten et son équipe, Van Dormael, Gunzig et Durieux, réalisent une belle performance : prolonger le plaisir d'une série devenue un classique.
© Olivier Dalmasso - Centre International d’Antibes