Cinéma
Alain Delon, un destin français[1]04/10/2024
Une des dernières grandes stars du cinéma français nous a quittés en août dernier à 88 ans. Personnalité parmi les plus controversées, il est toujours sorti indemne des polémiques à son sujet. Sa popularité, néanmoins, Alain Delon la doit surtout à ses qualités d’acteur qu’il a développées durant ses années de carrière cinématographique. C’est ce qui fait l’objet de notre coup de cœur au fil de quelques-uns de ces films, choisis parmi les 87 qu’il a tournés.
C’est en 1957 qu’Alain Delon entame une longue carrière cinématographique avec sa toute première apparition sur grand écran. Quand la femme s’en mêle d’ Yves Allégret : dans cette comédie policière tournée dans un quartier chaud de Paris, Alain Delon joue le rôle d’un jeune voyou garde du corps. Le mythe Delon est déjà en marche, celui du bad boy qui fréquentait les truands, de quelqu’un qui se plaît dans ce milieu, avec une vision quelque peu « cinématographique » de ces « hommes d’honneur ».
L’année suivante, l’actrice allemande Romy Schneider le choisit sur photo pour tourner avec elle dans le film franco-italien de Pierre-Gaspard Huit, Christine. Cette reprise de Liebelei de Max Ophuls tiré de la pièce éponyme d’Arthur Schnitzer, est une histoire d’amour fou à Vienne au début du XXe siècle, celle d’un jeune lieutenant des Dragons et de la sage Christine. Ce film marque la rencontre entre les deux acteurs, au cinéma comme à la ville, et consacre « les plus beaux fiancés d’Europe ».
Mais c’est en 1963 que l’acteur va gagner en notoriété avec Le Guépard, une adaptation du roman de Lampedusa, qui dépeint la décadence d’un monde condamné . Il y incarne Tancrède, un jeune homme ambitieux qui se bat aux côtés des républicains. Nous sommes en 1860 et Garibaldi débarque en Sicile… Ce chef d’œuvre de Luchino Visconti obtiendra la Palme d’or au Festival de Cannes.
Avec Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, en 1967, Delon va trouver dans ce polar épuré et silencieux l’un de ses plus beaux rôles qui le ramène au mythe du mauvais garçon créé dix ans plus tôt. Il y incarne un tueur à gages solitaire et poursuivi par la police.
Puis c’est au tour des « plus beaux fiancés d’Europe » de revenir sur scène en 1969 dans le film de Jacques Deray, La piscine. Ce drame de la jalousie est magnifiquement interprété par Romy et Alain, tels un couple de félins qui jouent au chat et à la souris…un jeu mortel.
Un nouveau film de Jacques Deray va connaître en 1970 un franc succès populaire. Le tandem iconique que forment Alain Delon et son rival et ami Jean-Paul Belmondo sert admirablement Borsalino. Le metteur en scène insuffle beaucoup de fantaisie dans ces aventures marseillaises de deux jeunes truands, Capella et Siffredi, qui n’étaient pas pour déplaire à Delon.
Le registre de Monsieur Klein de Joseph Losey sera tout autre : Delon joue le rôle d’un homme pris pour un autre, juif et résistant à Paris, en 1942. On y retrouve l’acteur incomparable de retenue, d’intelligence et de fragilité. Ce film passionnant obtiendra le César du Meilleur film en 1977.
Dans Notre histoire de Bernard Blier, sorti en 1984, l’acteur campe un ivrogne, un personnage fragile bien loin de celui qu’il interprétait dans Le Samouraï. Il décrochera pour ce rôle le César du meilleur acteur l’année suivante.
La palette de cet artiste nous offre ainsi une multitude de performances qu’il est toujours agréable de revoir. Et c’est avec le film de Thomas Langmann et Frédéric Forestier, Astérix aux jeux olympiques, son dernier film en 2008, que nous vous invitons à découvrir un Alain qui se lâche en autoparodiant avec malice le mythe Delon! Il y incarne Jules César, « excusez-le du peu ! »