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Regard sur Paris après les JO
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Les Jeux Olympiques ont mis la France et notamment Paris en lumière. Nous saisissons l’occasion de revenir sur l’image de la capitale. Sa légende dorée est-elle à la hauteur face à une réalité souvent moins flatteuse ?

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Paris, en dépit de ses réels atouts, est une ville surestimée et devenue sa propre marque. Pourtant,  depuis quelques années, son image décline : travaux interminables, déchets jonchant les rues, présence de rats signalées à plusieurs reprises. Les JO ont-ils changé la donne ? Si de nombreux touristes étrangers visitant la capitale pour la première fois n’ont en rien été déçus, les Français, eux, sont parfois d’un autre avis.

L’épisode de la fameuse baignade dans la Seine, annoncée depuis longtemps déjà par des responsables politiques, a été sans cesse repoussé. Mais voilà que jeux olympiques obligent, des travaux d’assainissement ont été entrepris : construction de vastes citernes souterraines censées recueillir les eaux de pluie, etc. Il a bien fallu que les athlètes se baignent dans la Seine car plusieurs épreuves de natation le requéraient. Une nageuse dit avoir été malade par la suite, sans qu’on sache si ses symptômes sont imputables à l’eau du fleuve, à la cuisine du village olympique ou à quoi que ce soit d’autre. On peut tout au plus souhaiter aux Parisiens que les tentatives d’assainissement et de gestions des eaux leur profitent sur le long terme, ainsi qu’à tous les touristes de passage à Paris.

Pourtant, Paris détient toujours ses grands jardins et ses parcs : les Tuileries, le Luxembourg, les Buttes Chaumont. Leur charme a été préservé. Paris intra-muros dispose toujours, dans son centre historique, des boulevards haussmanniens, de ses églises, de son Quartier latin. Le Marais et Notre-Dame sont toujours là. Mais rien n’est simple et univoque. Car, d’une part, la multiplication des pistes cyclables ne rend pas la ville aussi « verte » qu’on aurait pu l’attendre. D’autre part, la gentrification  accentue des inégalités de plus en plus mal perçues. Et ce sont, ironie du sort, des étrangers qui prennent le plus volontiers la défense de Paris. Si certains touristes japonais visitant Lutèce pour la première fois en repartent traumatisés tant est grand le choc entre l’image d’ Epinal et la réalité contemporaine, d’autres maintiennent vive la flamme de leur amour. Ainsi la youtubeuse japonaise Enchanté Erica, francophile convaincue. Bien d’autres anonymes se joignent à ce concert de louanges. Pour les curieux qui voudraient, malgré tout, comprendre pour quelles raisons on pourrait ne pas apprécier Paris en dehors de quelques clichés de type « la capitale contre les provinces », je vous renverrai à l’excellent podcast de Kid Charlemagne : Paris je t’aime pas. Au-delà du titre provocateur, vous trouverez matière à vous interroger. En un mot, la carte postale lutte contre un réel abrupt.

Mais peut-on  alors affirmer que Paris a été magnifiée par les JO ? Les personnes interrogées dans la rue faisaient état d’une réelle satisfaction eu égard aux moyens de transports qui fonctionnaient sans problème, à la sécurité dans les rues, etc. Mais cet indéniable confort, qui, au passage, devrait être la norme, marque un contraste flagrant avec le quotidien des Parisiens en temps ordinaire : odeur fétide du métro, grèves fréquentes à la gestion hasardeuse, sécurité compromise, multiplication de pickpockets. Triste constat, la sécurité ne peut être assurée que par le déploiement massif et exceptionnel de forces de l’ordre. Les habitants de la capitale et ses hôtes de passage doivent le reste du temps accepter des conditions de vie bien plus pénibles. Coup de chance ou injustice pour Paris, son aura continue de rayonner malgré tout, forte de ses mythes forgés à la Belle Époque puis dans les Années folles et enfin par la Nouvelle Vague. À rebours de constatations évidentes, des inconvénients d’une capitale moins lumineuse que son titre de « ville-lumière » ne le laisse augurer, Paris reste Paris. Car, qu’on le veuille ou non, on n’enterre jamais complètement un mythe. Alors que se multiplient les raisons de critiques recevables voire de rejet de l’état de la capitale, cette dernière conserve un puissant attrait sur les étrangers et les touristes en général. On rétorquera que séjourner à Paris dans le cadre d’un voyage d’agrément ou y vivre sont deux choses fort différentes. Malgré tout, il faut aller chercher de plus en plus loin le charme d’ Amélie Poulain pour espérer le trouver à Paris. On regrettera qu’une mise en ordre n’ait été due qu’à un épisode sportif majeur et donc médiatique, ce qui laisse augurer d’améliorations plus temporaires que pérennes.

La force du mythe perdure cependant, estompe voire efface un quotidien moins reluisant. Un encouragement pour les idéalistes du monde entier : l’imaginaire a raison du réel.







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