Musique

Hommage à Marcel AMONT

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Marcel AMONT s’est éteint le 8 mars dernier à l’âge de 93 ans. Il faisait partie des derniers mohicans de la chanson française et avait côtoyé Brel, Trenet, Aznavour, Nougaro ou encore Brassens. Il pouvait se targuer d’avoir travaillé avec Édith PIAF, lui qui avait fait ses débuts en 1956 à l’Olympia dans la première partie des concerts de la Môme. Durant une carrière d’une longévité exceptionnelle de soixante-dix ans, il a su interpréter des titres qui feront sa popularité. Parmi ces succès, L’amour ça fait passer le temps, Le Mexicain ou encore Bleu, Blanc, Blond sont restés gravés dans la mémoire collective.

Né à Bordeaux d’une famille de bergers originaires de la Vallée d’Aspe, Marcel AMONT n’a jamais oublié ses origines béarnaises. N’oublions pas que ses parents, Modeste MIRAMON et Romélie LAMAZOU durent quitter leur village pour trouver du travail dans la région bordelaise.

En 1962, Jacques PLANTE et Charles AZNAVOUR offrent à cet artiste complet le texte et la musique de Le Mexicain, célèbre morceau qui est immanquablement associé à un chanteur qui se qualifiait lui-même de « fantaisiste ». Il faut d’ailleurs visionner les extraits télévisés de l’époque pour comprendre à quel point Marcel MIRAMON était un véritable artiste de music-hall et un guitariste hors pair.

Un Mexicain basané/Est allongé sur le sol/Le sombrero sur le nez/En guise, en guise, en guise, en guise, en guise, en guise de parasol

Le Chapeau de Mireille, autre succès du « troubadour » béarnais, est arrivé à un moment difficile d’un point de vue artistique et sentimental. En 1975, lassé d’être boudé par les radios et les médias qui ne le trouvent pas dans l’air du temps, Marcel AMONT va chercher un peu de réconfort auprès de Georges BRASSENS, un ami de plus de vingt ans. Séduit par un titre que le Sétois répétait en vue d’un récital à Bobino[1], Marcel AMONT est profondément touché quand BRASSENS lui offre cette chanson. Le Chapeau de Mireille marquera ainsi la rencontre jugée improbable entre l’archétype du chanteur-poète et le modèle de l’artiste de variétés.

 Le chapeau de Mireille/Quand en plein vol, je l'ai rattrapé/Entre Sète et Marseille/Quel est l'bon vent qui l'avait chipé[2] ?

Pour le grand public, Bleu, blanc, blond évoque enfin le sud de la France et l’accent chantant des gens du sud. Pourtant, il s’agit d’une reprise de True, true happiness, un titre interprété à l’origine par Johnny TILLOTSON, un chanteur américain dont la Floride natale n’a guère de point commun avec le Midi de la France, excepté son ensoleillement !

Marcel AMONT était un artiste capable de distraire mais aussi d’émouvoir son auditoire. Loin d’être un simple chansonnier qui n’aurait fait que retranscrire l'atmosphère joyeuse de la France d'après-guerre, c’était un véritable artiste de music-hall amoureux de la scène. Il laissera l’image d’un fantaisiste aux multiples talents dont l’énergie débordante transmettait une indéfectible bonne humeur .

 

[1]Bobino : salle de spectacle renommée située à Paris, dans le quartier Montparnasse, rue de la Gaîté

[2]Chiper (mot familier) : voler, dérober

 

 

© Jean-Luc Pichon – Centre International d'Antibes

 

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