Musique

Multitude de Stromae chez Mosaert Label album sorti le 28/01/2022

En 2009, le monde découvrait STROMAE, un jeune chanteur belge dont le tube Alors on danse nous reste encore en mémoire. Avec pas moins de 5.6 millions d’albums vendus dans le monde, des millions de vues pour ses clips sur YouTube et quatre Victoires de la Musique, les chiffres du prodige de la pop donnent le tournis. Quatre ans plus tard, l’énorme succès de Racine carrée, qui s’écoula à cinq millions d’exemplaires, ne fit que confirmer le talent de l’artiste.

Avec ce nouvel opus tant attendu par son public, le moins que l’on puisse dire est que Paul VAN HAVER tente plus que jamais de prendre le contre-pied de cette idéologie ambiante qui range les styles musicaux dans des catégories figées. Même si la majorité des douze titres de Multitude est résolument influencée par la musique techno, le chanteur a tenu en effet à intégrer des instruments traditionnels peu connus des néophytes. C’est ainsi que l’auditeur pourra apprécier les sonorités du erhu ou de la zurna qui viennent respectivement de Chine et de Turquie. Cornemuse, clavecin, kora et violon viennent compléter une liste impressionnante d’instruments qui nous font voyager sur les quatre continents. « J'ai pris plein d'influences différentes pour être un peu perdu géographiquement » a récemment déclaré STROMAE dans une interview. Mais quels sont les titres marquants de Multitude ?

Chacun sait que le chanteur a été victime de surmenage, ce qui l’a conduit à envisager le pire pour mettre un terme à ses souffrances. C’est cette évocation du suicide qui constitue le thème central de L’Enfer, un morceau qui cherche à libérer la parole et à briser les tabous liés à la dépression nerveuse.

J'ai parfois eu des pensées suicidaires, et j'en suis peu fier/On croit parfois que c'est la seule manière de les faire taire/Ces pensées qui me font vivre un enfer/Ces pensées qui me font vivre un enfer

Dans Mon amour, le chanteur se met dans la peau d’un séducteur invétéré qui passe son temps à tromper sa compagne. Il essaie de justifier son comportement en rejetant sa responsabilité sur les autres ou en minimisant ses fautes :

Non, c'est pas ce que tu crois/Je sais ça paraît bizarre/Non c'est pas ma faute à moi/Mais sans doute la faute au hasard

C’est que du bonheur apporte une touche de gaité en évoquant les joies de la parentalité. Rappelons que STROMAE est un papa comblé depuis septembre 2018 et que son épouse est une styliste belge, Coralie BARBIER. Même si le chanteur demeure très discret sur sa vie privée, il lui arrive de publier des photos de son fils de trois ans. "Tout le monde sait comment on fait des bébés. Mais personne ne sait comment on fait des papas". Cette phrase extraite de Papaoutai résume bien les difficultés rencontrées par ceux qui exercent une fonction éducative. C’est que du bonheur retrace toutes les facettes du métier de parent. D’abord vus comme des héros par notre progéniture, nous devenons vite les dépositaires d’une autorité mise à mal par le désir de liberté propre à l’adolescence :

Tout d'abord, tu m'idéalises/Avant que tu me méprises/Ok, d'accord, tu piqueras des crises/Ensuite, bah tu feras tes valises

Cet album possède un caractère à la fois intime et universel car il aborde des problèmes qui pourraient concerner chacun de nous : épuisement professionnel, rupture amoureuse, addictions, … La multitude à laquelle STROMAE fait allusion est celle des styles musicaux mais aussi celle des individus qui composent le monde. D’une façon générale, cette « World pop », pleine d’influences cubaines, africaines et brésiliennes, permet à l’artiste de mettre en scène des personnages dont chacun incarne un type de comportement. À écouter au plus vite !