Cinéma
Sarah Bernhardt, la divine de Guillaume Nicloux -Sortie décembre 202426/01/2025
Guillaume Nicloux signe un nouveau film sur Sarah Bernardt [1], la grande tragédienne à la charnière des XIXe et XXe siècles. Ce biopic se détache des codes traditionnels du genre. À partir de sa consécration en 1896 et de son amputation en 1915, l’histoire de Sarah Bernardt demeure à l’image du personnage, lyrique et emphatique, qui aura gagné d’être la première star internationale à avoir joué sur les scènes des cinq continents.
Appelée par Victor Hugo « la voix d’or », par d’autres à l’instar de Lucien Guitry, son partenaire à la scène, « la divine », Sarah Bernardt aura aussi inspiré à Jean Cocteau l’invention de la nouvelle expression de « monstre sacré ».
Extravagante, la tragédienne cultive un goût certain pour le macabre : on la voit s’installer régulièrement dans un cercueil [2]en bois de rose , capitonné de satin blanc, où elle aime se reposer et y répéter ses rôles. Elle avait aussi pour habitude de promener une panthère en laisse !
Militante, elle apporte son soutien à Emile Zola au moment de l’affaire Dreyfus [3]. On sait aussi qu’elle a soutenu Louise Michel [4] et qu’elle prend position contre la peine de mort. Au-delà de la comédienne haute en couleur, Sarah Bernardt se présente comme une femme dont la modernité et l’excentricité remporte l’adhésion des sommités de cette fin du XIXe siècle. Sigmund Freud lui-même déclare être fasciné par le personnage extraordinaire qu’elle incarne.
Amoureuse, elle n’est pas avare de conquêtes et défie les préjugés sexistes. Ses amants et amantes sont au grand jour ! Et pourtant la passion (non avérée) qui la lie à Lucien Guitry et qui sert de fil conducteur au film semble bien ancrée dans sa vie. La complexité du personnage explique peut-être cela !
Sandrine Kiberlain (Sarah Bernardt) est très convaincante. Dans ce rôle extravagant, elle parvient à donner vie de manière exubérante mais crédible au personnage de la tragédienne mythique. Le film s’ouvre d’ailleurs sur la scène finale où meurt La Dame aux camélias (d’Alexandre Dumas fils) incarnée par Sarah Bernardt .
Laurent Lafitte dans le rôle de Lucien Guitry est lui aussi très convaincant. Cet acteur « ne cesse de nous surprendre et toujours en bien », estime Samuel Douhaire, le journaliste , critique de cinéma.
Saluons, en outre, le talent des décorateurs et costumiers du film qui permettent une immersion fort agréable dans une autre époque. Une immersion totale, qui plus est, avec des images d’archives que comporte l’œuvre, notamment celles de son enterrement digne d’un grand chef d’état. Par-delà la maîtrise de son art, la grande tragédienne a su se mettre en scène et utiliser tous les moyens pour promouvoir son image. Une véritable influenceuse avant l’heure !
Quoi qu’il en soit, Le portrait de Sarah Bernhardt que dresse le film de Guillaume Nicloux, à partir de deux épisodes de sa vie, ne peut laisser personne indifférent.