Littérature
Les apprentis sorciers de Alexandra Henrion-Claude - Editions Albin Michel - Sortie mars 202301/09/2023
La pandémie a fait apparaître de nouveaux noms sur la scène publique, tels les professeurs Raoult, Perrone ou Toussaint. Dans cet ordre d’idée, c’est cette fois une femme qui fait entendre sa voix dans la tourmente que nous avons connue, il s’agit d’Alexandra Henrion-Caude. Bien qu’elle soit une généticienne de renom, elle demeurait inconnue du grand public avant 2020.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire à la lecture du titre, rien d’excessif ni de « complotiste » dans le propos. Si l’auteure des Apprentis sorciers était opposée au vaccin contre le COVID, elle en explique les raisons. Tout repose sur l’ARN messager. Loin de se contenter de pointer du doigt d’évidentes compromissions entre de grands laboratoires et la manne financière que le vaccin représente, Alexandra Henrion-Caude[1] explique en quoi consiste exactement la mécanique génétique de l’ARNm. Il se trouve qu’elle a été pionnière en la matière. Elle est donc à même de souligner les perspectives mais aussi les incertitudes et donc les risques que présente cette révolution en termes de technologie médicale. En résumé, cette nouvelle technologie en est à un peu plus que ses balbutiements mais a montré qu’elle ne pouvait pas, pour le moment, constituer une base fiable pour des vaccins.
Alexandra Henrion-Caude nous explique que l’ARN est « un langage commun entre les espèces » (p.51) et qu’il peut devenir « un traitement » (p.53) possible. Possible, et non pas automatique et incontestable. L’auteur dénombre en effet une douzaine de ces traitements, notamment applicables à des maladies génétiques. Mais on parle là de cas ciblés, de médicaments parfois « hors de prix » (p.55) ou encore expérimentaux. De façon claire et succincte, l’auteur dresse, de la p.75 à 83, la liste de différentes tentatives d’utilisation thérapeutiques de l’ARNm visant à lutter contre différents types de cancer, contre le VIH, la rage ou la grippe H1N1. Qu’il s’agisse de thérapie ou de prévention de type vaccin, tout se solde par des résultats infructueux ou des plus fragiles. Dans des conditions pareilles, on jugera de la surprise de la chercheuse -et du lecteur !- face à la course au vaccin par le biais d’une technologie médicale non maîtrisée et, au final, moins prometteuse qu’on ne l’espérait. On mesure alors la portée du titre de l’ouvrage : il s’agit bien de jouer les apprentis sorciers. Certes, on rétorquera que Pasteur n’avait pas fait autre chose concernant le vaccin contre la rage, à ceci près que le fameux médecin avait une communauté scientifique et une opinion publique prête à le lyncher en cas d’échec. Pour le bonheur de tous, il a réussi.
Mais vous vous demandez peut-être quelle est la durée de vie de l’ARNm au sein de notre organisme. Eh bien, comme le répète l’auteur , p. 92 et 95 , « on ne sait pas ». Ne nous a-t-on pas répété que le corps devait le dégrader naturellement ? Quant à la localisation de l’ARNm , « on nous injecte le vaccin dans le muscle, et d’après les données de Pfizer, on le retrouve dans le sang en quinze minutes, et les soucoupes ARNm se propagent donc dans tout l’organisme sans qu’on sache quand elles seront détruites. (p.100). » Difficile de se montrer plus clair.
Sans surprise, le livre se termine par un chapitre consacré à Big Pharma, détaillant les frais de production et les bénéfices de vente, les dépôts de brevet du vaccin. À cet égard, l’auteur nous apprend que selon l’ONG OXFAM, « Pfizer […] et Moderna ont réalisé des bénéfices record de 1000 dollars par seconde en 2021. » p.128. Terminons en précisant que toutes les sources et tous les articles scientifiques que cite Alexandra Henrion-Caude sont référencés sur plus de dix pages à la fin de l’ouvrage.