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Film dramatique franco-belge : Un silence -Janvier 2024
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Le cinéaste Joachim Lafosse s’était déjà distingué dans sa façon d’observer le mal sans s’en repaître avec Á perdre la raison (2012) qui revenait en flash-back sur les racines d’un quintuple infanticide. Avec Un silence, sorti sur le grand écran en janvier 2024, il s’empare d’un fait divers qui a bouleversé la Belgique en 2009 , soit une tentative de parricide sur fond de pédocriminalité. Cette fois encore, la narration marche à rebours car la question que se pose Joachim Lafosse est toujours la même : comment en est-on arrivé là ?

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Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice. Leur oncle (celui que l’on entendra mais qu’on ne verra jamais dans le film) accuse leur père d’abus sexuels dont il a été victime durant son adolescence. Le mal court, le passé rattrape le présent : Joachim Lafosse scrute le visage d’Emmanuelle Devos dès le début du film, ou plutôt son regard sur lequel il reviendra à la fin du film.

Le motif à l’origine du drame est mis sous silence dans toute cette première partie mais ce refoulement, ce déni est bien senti au centre du film. Les échanges entre l’avocat (Daniel Auteuil dont on apprécie la sobriété et la justesse) et sa femme Astrid n’ont pas besoin de beaucoup de mots. La mise en scène feutrée, anxiogène, et la direction pleine de finesse des deux acteurs font que leurs silences en disent long.

La deuxième partie s’organise autour de leur fils adoptif interprété par Matthieu Galoux. Victime très jeune de la déviance de son père au travers de videos pornographiques qu’il n’aura de cesse de visionner à son insu, et conscient que son mal-être tient à l’image dégradante de son père, le jeune Raphaël va tenter d’éliminer le pédocriminel. Le film se termine sur le procès du parricide, toujours dans une atmosphère oppressante, celle du prétoire ce coup-ci.

D’un sujet grave qui aurait pu tomber dans le voyeurisme et le moralisme, Joachim Lafosse traite de manière sobre et délicate le drame d’une famille tombée dans le non-dit mais profondément humaine malgré le drame qu’elle a traversé et qu’elle traverse.

Un beau film difficile à voir, éprouvant ; un film dérangeant mais qui force le respect. 

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