Les amoureux de cette série phare attendaient un nouveau tome avec impatience. L’attente se voit récompensée par un opus volumineux, quasiment un double album.

Barro city est noyé sous des trombes d’eau, un véritable déluge paralyse la ville, les citoyens restent cloitrés. Arrive alors une troupe de soldats se disant mandatés par le gouvernement. Le maire de Barro city a bien sollicité cette assistance auprès des autorités, mais ce détachement de cavalerie adopte une attitude grossière et brutale, de quoi susciter le doute sur l’authenticité de leur mission. Qui sont-ils et que veulent-ils vraiment ? Alors que la pluie s’apaise, un prestidigitateur d’exception et son assistante arrivent en ville. Leur spectacle fascine la foule de la bourgade. Les événements vont alors se précipiter. Deux jours plus tard, la banque est attaquée : une véritable fortune en lingots d’or disparaît. Comme dans tout bon thriller, western ou pas, tout le monde est suspect. Mais qui ? Le propriétaire des lingots ? Le magicien fraîchement débarqué en ville ? Les militaires aux airs de bandits ? De plus, une terrible épreuve, la plus atroce de toutes, attend le Bouncer (le videur du saloon de Barro city).

Un scénario prenant, agrémenté de la touche d’originalité typique d’Alejandro Jodorowsky : les tombes emportées par l’orage diluvien, les tours de magie de l’illusionniste. Quant à François Boucq, ce maître du 9^ème art n’a plus rien à prouver depuis longtemps. Il n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai avec Jodorowsky puisqu’il met en scène les histoires du Bouncer depuis le premier opus de la saga. Sans compter une collaboration déjà ancienne sur la série Face de lune. Rappelons tout de même que Boucq a créé seul, il y a plus de 20 ans, le fantasque et burlesque assureur Raymond Moucherot, toujours en guerre contre son ennemi ultime, « l’imprévu. » Ce géant qu’est Boucq jouit d’un imaginaire personnel déjà suffisamment riche et saisissant pour se suffire à lui-même. La rencontre avec l’excentrique bien qu’inégalement inspiré Jodorowsky, à la fois scénariste, romancier et cinéaste, a donné naissance à un grand récit de western devenu un modèle du genre. Bouncer ainsi qu’une autre saga plus récente, Undertaker, trônent au firmament du genre. Les fans vous citeront également Catamount, L’homme qui n’aimait pas les armes à feu ou Durango. Et il ne s’agit là que des titres les plus connus.

La bande dessinée franco-belge excelle encore et toujours dans tous les genres. Alors n’hésitez plus : suivez les pas du Bouncer dans le Far West sauvage aux trahisons multiples et aux paysages oniriques.