Musique
Barbara chante Brassens - Album sorti chez Odéon le 6/09/202301/11/2023
Barbara, cette grande dame de la chanson, est née le 9 juin 1930 à Paris et compte parmi les chanteuses françaises les plus renommées. Celle qui disait à propos de son public : « Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous » apprend le solfège et le chant avant d’intégrer le Conservatoire. Elle fait ses débuts dans les cabarets parisiens, tels que La fontaine des Quatre Saisons, où elle commence par reprendre les titres majeurs d’Édith PIAF[1] avant de sortir son premier album en 1959, Barbara à l’Écluse.
L’arrivée, début septembre, d’une réédition de l’album Barbara chante Brassens est une aubaine pour tous les amoureux de la Longue dame brune. Sorti dans les bacs pour la première fois en 1960, cet album permit à la jeune femme de décrocher le Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros. Dans les années soixante-dix suivront des morceaux comme l’Aigle noir (1970) et Marienbad (1972) qui ne feront que confirmer le talent de cette auteure-compositrice et interprète
Écrit en 1828 et appartenant au recueil Odes et Ballade, La Légende de la nonne est à l’origine un poème de Victor Hugo qui retrace un épisode de la vie d’une jeune nonne espagnole tombée amoureuse d’un brigand. Tentée par les plaisirs de la vie terrestre, elle finit par transgresser ses vœux religieux et subit la colère divine. Pour ce titre, qui aborde la tentation et les conflits intérieurs, Barbara n’a pas à rougir face au grand Georges Brassens[2]. Elle apporte ce côté aérien qui caractérise ses interprétations tandis que son phrasé, tout en nuances, rend justice au texte hugolien.
Elle prit le voile à Tolède/Au grand soupir des gens du lieu/Comme si, quand on n'est pas laide/On avait droit d'épouser Dieu
La Femme d'Hector, datée de 1953, fait partie de l'album "Le Pornographe" et évoque l’importance des vrais amis face aux futilités de la vie parisienne. Brassens y dépeint le rôle prépondérant d’un couple chez lequel le chanteur venait se ressourcer dans les années cinquante. L’épouse d’Hector, une Sétoise prénommée Raymonde Laville, avait pour mari un ami d’enfance de l’artiste. Tendresse, générosité et amitié formaient les vertus indéfectibles[1] d’une femme qui a joué pour Brassens le rôle d’une véritable mère. Dans cette chanson, Barbara, accompagnée de son fidèle pianiste, apporte une audacieuse touche de fantaisie
Laquelle est notre vraie nounou[2]/La p’tite sœur des pauvres de nous/Dans le guignon[3] toujours présente/Quelle est cette fée bienfaisante ?
On ne peut rendre hommage à Brassens sans inclure Il n’y a pas d’amour heureux, poème écrit en 1944 par Louis Aragon[3] et extrait de La Diane française. Ce titre emblématique de Brassens nous rappelle la fragilité des histoires d’amour et la vacuité[4] de la condition humaine
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard/Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson/Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson/Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Cet album est donc une occasion inespérée de nous replonger dans l’univers de deux piliers de la chanson française. L’héritage artistique de la « pianiste chantante » est encore bien présent et son talent continuera à émouvoir quiconque prendra la peine de réécouter son œuvre. Il est remarquable de voir qu’elle a su s’inspirer des grands artistes de son époque (Brel[4] et Brassens entre autres) pour créer une identité musicale singulière qui sera inaugurée peu après par Barbara chante Barbara en 1964.
Nous vous invitons à consulter l’Edito consacré à Barbara en novembre 2019 : Ma plus belle histoire d'amour c'est vous, Barbara!
https://www.cia-france.com/francais-et-vous/sur_les_paves/s/2933-rappelons-nous-barbara.html