Cinéma
Anatomie d'une chute de Justine Triet , co-écrit avec Arthur Harari - Sortie le 9 août 2023 -01/10/2023
La Palme d'or du Festival de Cannes 2023, Anatomie d'une chute , le quatrième long métrage de Justine Triet, aborde la question du couple et de la famille, question permanente dans l’oeuvre de la réalisatrice[1]. Ce qui est original ici, c’est la façon dont elle traite ce thème récurrent.
Sandra, Samuel et leur jeune fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : s'agit-il d'un suicide ou d'un homicide ?
Ainsi débute simplement Anatomie d'une chute, un drame qui va s'avérer plus compliqué qu'il n'y paraît. En effet, la réalisatrice Justine Triet nous offre une intrigue policière avec tous les méandres d'une enquête bien menée, un thriller avec tous les doutes inquiétants engendrés, mais aussi un film sur la justice qui va devoir établir la vérité dans une atmosphère vénéneuse et toute une réflexion sur le couple, ses désirs et ses frustrations.
Les acteurs dont la cinéaste s’est entourée répondent de manière excellente aux exigences du scénario . D'abord Sandra Hüller, l’épouse accusée, qui s’engage totalement dans le rôle de cette romancière simultanément forte et trouble. Devant les jurés de la Cour d'Assises, elle révèle les méandres de son intimité avec son compagnon avant qu'il ne meure -Samuel Theis qui l'incarne, reste hors champ, sauf dans quelques scènes cruciales- . Le jeune Mio Machado Granado joue à la perfection le rôle déterminant de Daniel, l’enfant de la famille, qui assiste au procès de sa mère et Antoine Reinartz campe avec gourmandise un odieux avocat général dans un procès magistralement mis en scène. Quant à Swan Artaud[2] qui interprète l'avocat de l'accusée, la démonstration de son talent se retrouve encore une fois dans la finesse et l'humanité qu'il dégage .
Ce film ambitieux a réussi son pari : celui de tenir en haleine les spectateurs, de bout en bout, pendant près de 2h30. Certainement le meilleur film français de l’année à ce jour...