JE VOUS SAUVERAI TOUS - La littérature jeunesse en classe (à partir de 13 ans)
Type de document et source | Roman adolescent de l'écrivaine Emilie Frèche, paru en septembre 2019. |
Niveau européen | A partir de A2.2. |
Public | Élèves de collège, lycée et adultes. |
Durée de l'activité |
Environ 1h00 en plusieurs séquences. |
Matériel |
Les passages soigneusement sélectionnés sont distribués sous forme de cartes qui pourront aussi être projetées sous forme de document PowerPoint grâce à un vidéoprojecteur. |
Activité |
Il s'agit pour les apprenants distribués en binômes ou trinômes de prendre connaissance de 8 cartes qui leur seront remises une après l'autre. Ils devront jouer au "détective de la langue" pour collecter le maximum d'informations clés sous forme d'indices et inférences, afin de résoudre le problème, à savoir: quelle est cette histoire ? Combien de personnages la constituent ? De quoi s'agit-il, que s'est- il passé?... |
Objectifs au niveau culture et civilisation contemporaines et interculturel | Emilie Frèche a choisi d'écrire une oeuvre intimement liée à notre époque. Il s'agit de montrer comment une jeune fille s'est retrouvée victime d'un embrigadement qui ressemble à l'emprise qu'une secte sait mettre en place progressivement. Laissant ses parents dans l'effarement et la douleur. Le roman épouse les réalités d'aujourd'hui et s'adressant aux collégiens, il se veut une mise en garde sur les dangers que peut recéler Internet. Ce fait, ici dépeint, s'est manifesté dans de très nombreuses familles de 2012 à 2018. |
Objectifs linguistiques (savoir-faire, compétences grammaticales et lexicales) |
Travailler le lexique; travailler l'articulation des temps du passé; savoir travailler de manière solidaire en groupes de travail; savoir mobiliser en commun des compétences en compréhension écrite pour résoudre ce qui apparaît comme une énigme; prendre conscience des stratégies permettant d'acérer ses compétences en CE. |

- Production orale. Mise en commun du travail de groupes de la première séance 20/30 minutes max
- Fin de l'histoire environ 20 minutes
Production orale. Mise en commun du travail de groupes de la première séance
Les apprenants sont placés en mini-groupes de travail. Chacun est confronté à la première carte distribuée par l'enseignant.
Carte 1
Hier, en rentrant du bureau, je suis passée aux Vraies Richesses, la librairie que tu adores. Je me suis acheté un stylo-plume ainsi qu’un beau Moleskine de couleur verte comme celui dans lequel tu écrivais l’année dernière. Le vert, comme tu sais, est aussi la couleur de l’espoir et je veux en être pleine pour commencer, en ce mardi 12 avril qui est ton anniversaire, ce journal que j’espère te donner un jour. |
Le but de cette activité est de résoudre le problème ainsi posé à la manière d'une énigme. Les groupes arriveront-ils à démêler les informations pour comprendre ce qui s'est passé ?
Sachant que toute histoire met en scène des personnages, qu'elle se déroule dans un espace temporel et géographique, les groupes devront arriver à collecter dans chaque carte, des indices et inférences pour répondre aux questions : Qui ? Où ? Quand ? Et ainsi, se faire une idée la plus précise possible de l'histoire, de son déroulement.
Ainsi, pour la première carte:
- Qui ? Deux personnages semblent être les personnages centraux.
Personnage A : D'une part, le narrateur qui s'avère être très tôt, une narratrice / Elle travaille dans un bureau / Elle vient de s'acheter un très beau cahier (en Moleskine) / Car elle veut commencer à écrire son journal / Elle en a choisi la couleur, le vert / Elle veut être pleine d'espoir et elle espère pouvoir remettre son journal au personnage B auquel la narratrice est liée.
Personnage B : Il adore cette librairie / il aime écrire / il aime la couleur verte / Son anniversaire tombe le 12 avril
Pour le moment, nous ignorons le lien que peuvent avoir les deux personnages. Nous décelons que quelque chose perturbe la narratrice. Elle ne dit pas simplement "je te remettrai mon journal" mais elle espère pouvoir le faire...un jour.
- Où ? L'histoire se déroule dans une ville : bureau, librairie.
- Quand ? Apparemment, l'histoire se déroule de nos jours. Elle s'articule entre présent et passé. Les deux temps principaux du passé, le passé composé et l'imparfait mérite aussi que le professeur s'y attarde tout au long de l'histoire racontée par la narratrice.
L'enseignant fait intervenir la deuxième carte :
Carte 2 :
Cette idée de journal m’est venue avec l’approche de tes dix-sept ans. J’appréhendais beaucoup cette date. Sans doute parce que, pour la première fois, nous ne soufflerions pas tes bougies ensemble, et que je n’aurais aucune fête à préparer. |
Après avoir résolu les difficultés lexicales [appréhender/Souffler/Bougies], les groupes poursuivent la collecte des indices concernant les deux personnages.
Ainsi, le personnage B vient d'avoir dix-sept ans, la narratrice déplore ne pas pouvoir célébrer cette fête comme elle l'a toujours fait jusqu'ici. C'est pour cette raison que la narratrice a décidé d'écrire son journal.
Le lien qui les unit est sans doute de mère à son fils (ou fille); nous ignorons pour le moment, le sexe du personnage B.
A noter l'intervention du conditionnel présent qui a valeur du futur dans le passé.
Carte 3
Je ne suis pas allée travailler, je n’en ai plus la force. Tenir les comptes d’une marque de prêt-à-porter me paraît tellement dérisoire désormais. J’aimais ça pourtant, avant. Je prenais mon métier pour un jeu, c’était une sorte de bagarre avec les chiffres. |
Ici, après avoir décrypté le vocabulaire, avec cette carte nous apprenons :
Que le personnage A est à bout de forces moralement. Son travail (de comptable pour une marque de vêtements) qui lui plaisait tant auparavant, lui apparaît tellement sans intérêt aujourd'hui.
Nous avançons, bien évidemment, une relation de cause à effet, entre l'absence de cet être cher et l'état dans lequel se présente maintenant, la narratrice.
Carte 4
Ce sont sans doute les deux adjectifs qui t’ont toujours le mieux qualifiée. Déjà enfant, tu entendais parcourir le monde. Tu nous suppliais d’aller au Groenland, en Patagonie, au Sri-Lanka, en Mongolie… Ces noms te faisaient rêver, ils portaient en eux une promesse de liberté qui t’enivrait. Comment une chose pareille a pu t’arriver à toi? Toi qui tenais tant à ta liberté ? |
Cette carte nous apporte des informations supplémentaires sur le personnage B. Il ne s'agit pas d'un fils, mais d'une fille. Et son caractère nous est présenté ; ce que l'on retient c'est qu'elle adorait connaître de nouveaux pays, elle avait sûrement une soif d'apprendre, de voir des paysages nouveaux et de découvrir des cultures différentes.
Vient ensuite une double question qui donne une dimension dramatique à l'extrait et explique maintenant les raisons pour lesquelles la narratrice se trouve dans cet état.
Il s'est donc passé quelque chose de très grave, mais QUOI ?
C'est ce que chaque binôme ou trinôme va essayer d'imaginer. L'enseignant donnera un petit laps de temps, quelques minutes, pour que chacun écrive un petit paragraphe de 5 lignes expliquant ce qui s'est passé dans la vie de cette maman et de sa fille de 17 ans.
Fin de l'histoire
Il reste encore deux cartes à travailler. Le professeur récupère tout d'abord, les petits résumés que chaque groupe aura imaginés.
Et voici la 5ème carte.
Carte 5
Tu m’avais demandé de t’en faire un agrandissement et, lorsque je l’avais apporté du labo, tu m’avais sauté au cou en criant Merci, merci ! Oh merci ma petite maman ! Puis tu l’avais tout de suite accroché au-dessus de ton lit avant de le retirer quelques mois plus tard, sans donner d’explication. |
Cette photo, devenue un poster désiré puis enlevé apparaît à la maman comme un signe...
Carte 6
Comprendre. Juste comprendre ce qui a pu se passer que je n’ai pas vu. Y a-t-il eu des signes ? Des moments-clés? Un point de bascule ? Comment as-tu pu changer à ce point ? Pour en si peu de temps devenir cette autre qui aura rejeté jusqu’au prénom que je t’ai donné, le merveilleux prénom de l’héroïne de La Nuit des temps, le roman de Barjavel. Eléa. |
La maman ne reconnaît plus sa fille qui s'appelle Eléa. Elle a changé, ou plutôt s'est transformée au point de devenir "cette autre" qui n'a plus voulu qu'on continue à l'appeler Eléa.
Qu'a-t-il pu se passer ? La maman n'a rien vu venir et elle culpabilise d'avoir assisté à la métamorphose de sa fille sans saisir la gravité de la situation.
Est-ce que certains groupes ont compris ce qui était en train de se jouer ? L'enseignant se réfère aux résumés que les groupes lui ont remis, il s'en trouvera peut-être un ou deux groupes à avoir subodorer la réalité.
C'est le moment de présenter la couverture du livre et le nom du roman.
Je vous sauverai tous, le roman d'Emilie Frèche raconte comment une jeune fille est prise dans les griffes d'une secte qui n'est autre que Daech. La radicalisation a touché des milliers de jeunes de toutes les origines y compris ceux qui étaient très éloignés de la religion musulmane.
Vous pouvez retrouver cette thématique sur la radicalisation de certains jeunes, dans l'éditorial de ce mois de janvier 2020.
© Alexandre Garcia – Centre International d'Antibes