Barbara de Jacques Prévert
Type de document et source | Poème Jacques Prévert, Paroles, éditions Gallimard |
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Niveau européen Public | Adultes |
Matériel | |
Durée de l'activité | Dépend des séquences travaillées : de 35 à 50 minutes |
Activité | Approche, axée sur une pédagogie active du poème Barbara de l’un des plus grands poètes français du XXème siècle. |
Objectifs au niveau culture et civilisation contempraines et interculturel | Eveiller la curiosité, susciter l’implication des élèves - Travailler le vocabulaire – Rappel de la valeur de l’imparfait et du passé composé – Permettre de présenter Jacques Prévert |
Objectifs linguistiques | - |
Objectifs CECR | - |
DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE
Voici un très beau poème que tout professeur de Fle a (ou aura) un jour travaillé puisque l’on sait que Jacques Prévert est le poète préféré des enseignants de français langue maternelle et langue seconde. Pourtant l’approche de Barbara est souvent vécue comme difficile. Le poème travaillé de manière conventionnelle, les étudiants n’ont pas toutes les clés pour pouvoir l’apprécier, ni, parfois, le temps suffisant pour prendre possession du texte distribué par l’enseignant. Au bout du compte, il s’ensuit bien souvent un corps à corps avec le texte qui est assez éprouvant. Les étudiants sont souvent décontenancés. Seuls certains réussissent vraiment à accéder à la beauté du poème. En fait, nous sommes confrontés à l’un des effets néfastes- l’effet boomerang- qui menace l’enseignant lorsqu’il décide de lancer sa classe à la découverte d’un document authentique. Celui-ci, concrètement, lui fait regretter son choix.
Pour nous permettre de faciliter l’accès à Barbara, nous allons opter une nouvelle fois pour la pédagogie active, démarche que nous présentons chaque mois grâce aux fiches pédagogiques présentées dans cette rubrique.
Nous allons respecter, en particulier, deux des préceptes de la pédagogie active : 1/ « Ne pas divulguer forcément quel est le document authentique sur lequel porte le travail que l’on entame » et 2/ « Préférons l’homéopathie au gavage ».
SÉQUENCES
Début du travail d’approche du poème. La classe est divisée en deux ou bien en plusieurs sous-groupes de travail.
20/35 minutesA la découverte de la face b de l’histoire.
15 à 25 minutesS’interroger sur l’emploi de l’imparfait et du passé composé.
10 minutes
SÉQUENCE 1
Début du travail d’approche du poème. La classe est divisée en deux ou bien en plusieurs sous-groupes de travail.
20/35 minutesLe professeur aura, auparavant, choisi 7 groupes de vers qu’il aura numérotés et consignés. Il lance l’activité en distribuant la première carte et laisse à chaque groupe de travail le temps d’en prendre connaissance. L’enseignant s’assure que tous les étudiants ont compris les mots qui y figurent. Dans le cas contraire, le vocabulaire est expliqué collectivement.
Il s’agira ensuite de faire surgir du sens et de comprendre la situation grâce à des indices.
Pour nous aider, nous allons faire appel aux 4 questions fondamentales : Qui ? Où ? Quand ? Quoi ? Elles vont nous permettre de situer, de localiser, d’identifier.
Ici : nous sommes à l’extérieur, dans une ville (dans une rue ?). Nous avons affaire à deux personnages : le narrateur et une autre personne. Nous ne savons pas si ce visage est masculin ou féminin. Puisque nous n’avons pas annoncé que nous commencions un travail sur un poème qui s’intitule Barbara, tout reste encore ouvert. Il pleut, mais la pluie n’est pas synonyme de tristesse : L’adjectif heureux apparaît trois fois !Pour la deuxième carte, nous suivrons la même procédure. Après avoir déblayé le terrain lexical, on s’interroge. Ce deuxième indice complète la réponse faite précédemment à la question « Où ? »: nous apprenons que nous sommes à Brest, dans une rue de la ville. Cette carte confirme aussi l’état d’esprit du personnage qui est féminin (je t’ai croisée) : « tu souriais ».
La troisième carte nous révèle l’identité de cette femme et sa rencontre avec un troisième personnage. Il s’agit manifestement d’une rencontre amoureuse. (Attention au mot « porche » qui oriente nos élèves vers autre chose, vers un véhicule sportif et haut de gamme ! Il convient de reformuler la description de la scène telle qu’elle se déroule).
La quatrième carte met en scène le narrateur. Il sourit aussi (au moment de croiser Barbara dans la rue ?) Il insiste sur le fait que tous deux ne se connaissent pas.
Sur la cinquième carte, trois adjectifs viennent décupler la dimension heureuse de Barbara. La pluie est ici, porteuse de vie, elle inonde le visage heureux de la femme. La rencontre amoureuse devient encore plus évidente.
Et elle est confirmée par la carte suivante, la sixième : le narrateur y justifie le tutoiement par lequel il s’adresse à Barbara : «je dis tu à tous ceux qui s’aiment même si je ne les connais pas. ».
Et nous arrivons à la dernière carte. Elle n’apporte pas d’informations supplémentaires mais reprend, sous un angle différent, le fil(m) de cette rencontre. On pourrait faire référence à la technique du refrain pour la chanson.Une fois le vocabulaire travaillé, les indices et inférences nous auront permis de créer du sens, les étudiants sont à même de visualiser la scène. Ils ont une idée précise sur ce qui se déroule, sur les personnages, leur âge, leur physionomie, leurs vêtements…
Le professeur annonce que ces cartes n’ont pas forcément été distribuées dans l’ordre. Il demande alors à chaque groupe, de les placer dans l’ordre naturel.
A l’issue de cette séquence, on peut demander aux élèves de se préparer à mimer la scène. Un ou deux groupes désignés, ou volontaires, le fera et s’ensuivra un commentaire sur la véracité de la scène mimée. A noter qu’il faut que trois personnages interviennent : le narrateur (ou la narratrice ?) et nos deux amoureux.SÉQUENCE 2
A la découverte de la face b de l’histoire.
15 à 25 minutesLe professeur aura sélectionné six phrases ou groupes de mots. Suivant le même procédé vu au cours de la séquence 1, ils seront distribués progressivement à chaque groupe de travail.
Chacune de ces phrases ou bribes de phrases contient des informations qui permettent de comprendre comment notre histoire du début, vue dans la séquence 1, a évolué.
Après chaque distribution, les élèves auront un temps pour réfléchir et insérer les informations reçues afin d’orienter leur histoire.
Les voici par ordre de distribution :- Sous une pluie de fer
- Ce n’est plus pareil, tout est abîmé
- Qu’es-tu devenue maintenant ?
- Est-il mort, disparu ou encore vivant ?
- Quelle connerie la guerre
- Au loin très loin de Brest dont il ne reste rien
Les premières 4 phrases, qui pourraient également être distribuées sous forme de cartes, peuvent nous faire penser à une catastrophe du type de de celle qui survint il y a juste dix ans, le 11 septembre 2001 ou de celles qui se sont déroulées depuis (Tsunami de décembre 2004, séisme de mars 2011 au Japon…)
L’avant-dernière nous fait comprendre qu’il s’agit d’une guerre. La dernière nous dit l’anéantissement de Brest.
On peut alors s’interroger sur ce qui a bien pu se passer à Brest, ville que l’on situera sur une carte si cela n’a pas été fait auparavant (après la découverte de la carte 2 ou de la carte 7)
En fait Barbara fait partie de Paroles, recueil publié en 1946 qui contient des poèmes que Jacques Prévert écrivit à partir de 1930 et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Brest était une ville stratégique faisant partie des fortifications allemandes érigées tout au long de la façade atlantique et connues sous le nom de mur de l’Atlantique. Les bombardements alliés firent subir à la ville bretonne un déluge de feu et la détruisirent totalement.
A noter le mot « rien » par lequel Jacques Prévert conclut son poème et qui revêt une dimension extrêmement forte.Ainsi l’agencement des scènes formant ce poème qui prend des allures de séquences cinématographiques, met en relief la tragédie. Commencée dans le bonheur et l’insouciance, l’histoire comporte une face B. On comprend d’autant mieux la plainte lancée par le poète narrateur « Oh Barbara quelle connerie la guerre ! »
Découvrir le poème de Jacques Prévert Barbara
Remarque: ce poème a été exploité par des collègues du Centre International d'Antibes à l'occasion du 10 ème anniversaire du 11 septembre.
SÉQUENCE 3
S’interroger sur l’emploi de l’imparfait et du passé composé.
10 minutesL’étude du poème peut, bien entendu, déboucher sur une réflexion portant sur l’emploi des temps de l’indicatif, ici le présent est associé à l’imparfait et au passé composé.
Cet exercice est à faire quelques jours après avoir réalisé le travail ci-dessus.Exercice d’emploi et de conjugaison de l’imparfait et du passé composé cliquez-ici.
Auteur: © Alexandre Garcia – Centre International d’Antibes