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Un homme debout - travailler en classe la chanson de Claudio Capeo

Alexandre Garcia
décembre 2016
Un homme debout - travailler en classe la chanson de Claudio Capeo
Type de document et source

chanson sortie en octobre 2016

album Claudio Capéo ou Vidéo youtube

Niveau européen PublicElèves de lycée et étudiants adultes
MatérielLecteur de CD ou vidéo ou vidéoprojecteur
Durée de l'activité2 séquences (45 minutes)
ActivitéActivité de découverte d'un document authentique réalisée en binôme. Elle est axée sur la compréhension et la production orale, à travers un travail commun de collecte d'indices et d'élucidation.
Objectifs au niveau culture et civilisation contempraines et interculturel

S'intéresser aux problématiques sociétales liées à la précarité, la pauvreté, l'exclusion, le déclassement.

Découvrir un nouveau jeune chanteur français à succès. Claudio Capéo s'inscrit  dans la longue lignée des "chanteurs à texte", et renoue avec la chanson populaire d'antan qui plaçait l'accordéon au devant de la scène.  

Objectifs linguistiques

Découverte de certaines expressions verbales ; emploi du subjonctif après "il faut que" ou "pour que".

Objectifs CECR

En matière de savoir-faire liés à la capacité  "d'Apprendre à apprendre", avoir un rôle moteur dans l'acte d'apprentissage : savoir réfléchir et être capable de déployer une stratégie de compréhension écrite, de travailler sur les inférences, de trouver des indices, de les gérer pour créer du sens faire des déductions et proposer des solutions. Être capable de mener un travail en équipe, de manière solidaire et coopérative.

DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE

Claudio Capéo que nous avons présenté dans notre n° 68 de novembre 2016, a fait une entrée tonitruante dans le monde de la chanson française actuelle. Nous proposons ici, une démarche pour introduire en classe, à partir du niveau B1, son tube "Un homme debout"

Cette chanson fait partie du premier album de Claudio Capéo que nous avons présenté dans notre numéro précédentUn homme debout en est le titre phare. CC s’inspire de la tradition de la chanson populaire d’antan qui, issue de la rue, racontait les amours mais aussi les peines et déboires des gens. La démarche, issue de la Pédagogie active que nous proposons comme d’habitude, rejette l’idée de placer les apprenants face à l’ensemble du document. "Au gavage préférons l’homéopathie !" en est l'un des préceptes. Il va nous aider à rendre les élèves actifs dans cette découverte du document authentique qui se fait donc, par petites touches, à petites doses.

SÉQUENCES

  • Début de la découverte d'une histoire

    15 minutes
  • Poursuite de la découverte de l'histoire

    15 minutes
  • SÉQUENCE 1

    Début de la découverte d'une histoire

    15 minutes

    Nous allons délivrer quelques bribes de phrases (de vers) aux élèves placés en petits groupes de travail (duos, trios, quatuors), comme nous aimons les appeler.
    A chaque fois, l'objectif est d'abord de faire face aux difficultés d'ordre linguistique, de s'interroger par rapport à elles, puis de s'interroger  sur les éléments dont on dispose afin de faire surgir du sens à partir d'eux. Il faudra trouver des indices pour élaborer des stratégies d'élucidation : Que se passe-t-il ? Qui est (ou qui sont les personnages) ? Où sont-ils ?...

    Les groupes, sous la conduite de l'enseignant, vont collecter, petit à petit, les indices qui vont leur permettre d'avancer des hypothèses pour comprendre ce qui est en jeu dans cette histoire et arriver à proposer le synopsis.

    L'enseignant va, d'abord, distribuer six bribes de texte soit sous forme de cartes, soit en les écrivant au tableau, soit, grâce aux technologies modernes, en les faisant apparaître sur un tableau interactif ou sur un écran (voir document PowerPoint proposé à la fin de la séquence 2)

    Le premier élément sera le suivant :

    "Ne serait-ce qu'un petit bonjour"

    La double question que l'on se posera d'emblée est : Qui peut être la personne qui prononce cette phrase et que veut dire cette personne en prononçant cette phrase ?

    On s'intéressera à l'expression "ne serait-ce que" et on en donnera un petit corpus d'exemples :

    - "Ce n'est pas bien de partir le matin sans rien manger. Tu pourrais prendre quelque chose au petit déjeuner ne serait-ce qu'un verre de lait et quelques biscuits".

    - "Je ne comprends pas, pourquoi vous n'avez pas prévenu vos amis pour leur dire que finalement, vous avez décidé de ne pas venir. C'était facile de les informer ne serait-ce qu'en leur passant un coup de téléphone"  

    - "J'ai très faim, il faut que je mange quelque chose, ne serait-ce qu'un morceau de pain". 

    Par quoi peut-on remplacer cette expression? Les élèves vont trouver que "Ne serait-ce qu'un petit bonjour" signifie : Au moins, un petit bonjour, et que cette phrase peut être un reproche lancé à quelqu'un.

    Le deuxième élément :

    "Vous êtes debout, pressés"

    Après avoir considéré les difficultés linguistiques (pressés ?). On s'intéressera à la question "Qui ?" qui structure l'analyse de notre histoire. Les élèves devront remarquer que d'autres personnes interviennent vraiment et ceci complète l'information obtenue par l'analyse du premier élément.

    Le narrateur s'adresse à un groupe de gens (pluriel de pressés). Qui peuvent-ils être ? Chaque petit groupe présentera sa proposition.

    Le troisième élément :

    "Il fut un temps où j'étais comme vous"

    Une autre expression verbale que nous explorerons grâce à un autre petit corpus d'exemples :

    - "Il fut un temps où" les gens croyaient que la terre était plate.

    - "Il fut un temps où" personne n'allait s'allonger à la plage pour bronzer.

    - "Il fut un temps où" les femmes ne pouvaient pas travailler sans l'autorisation de leur mari.

    "Il fut un temps où j'étais comme vous" signifie donc :  il y a longtemps, moi, j'étais comme vous.

     

    Arrivés à ce stade, l'enseignant demandera à chaque groupe de faire un premier point, les élèves rassembleront les indices dont ils disposent.
    L'histoire commence à prendre forme:
    [Le narrateur (ou la narratrice) s'adresse à des gens, il les interpelle en leur disant 1/ qu'ils pourraient au moins lui dire un petit bonjour; 2/ qu'ils sont debout pressés et 3/ qu'il (ou elle) était comme eux avant. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Quelque chose a donc changé.]

    Qui le narrateur peut-il bien interpeller de cette façon et pourquoi ?

    Le quatrième élément :

    "Ne me jetez pas la faute, ne me fermez pas la porte"

    Il est clair que le narrateur craint le regard de ces gens. Il craint d'être jugé par eux et d'être exclu.

    Cette nouvelle phrase apporte-t-elle des indices supplémentaires ? Participe-t-elle à nous faire découvrir l'histoire ?

    Le cinquième élément :

    "un petit regard, un petit sourire"

    Cette bribe de phrase est limpide du point de vue lexical. Qu'apporte-t-elle à notre jeu de piste ?

    Certains groupes l'associeront immédiatement au "petit bonjour" et comprendront que le narrateur vit une situation de discrimination, voire d'exclusion. Laquelle ? certains avanceront des solutions.
    Par exemple : [S'agirait-il d'un handicapé ? (Avant, moi aussi j'étais comme vous debout, pressé. aujourd'hui on ne me regarde pas, on me ferme la porte, on ne m'accepte pas comme je suis. Avant, moi aussi j'avais un emploi. Aujourd'hui je n'arrive pas à trouver un emploi et, dans la rue, je constate l'indifférence des gens, et j'éprouve les plus grandes difficultés à accéder aux transports, aux espaces publics...)]

    Le sixième élément :

    "Il fait si froid dehors, le ressentez-vous ?"

    Après avoir expliqué le verbe ressentir très utilisé depuis quelques temps quand on se réfère à la météo et notamment à la température: "Il fait 8° mais la température ressentie est de 3°", on s'intéressera à cette phrase prononcée par notre personnage narrateur. Elle est porteuse d'un indice : Le personnage a froid et il est dehors. il interpelle les mêmes gens pour leur faire part de ce qu'il ressent.

     

    Les six éléments étudiés. Le moment est venu pour chaque groupe d'abattre ses cartes. Qui sont les personnages ici mis en scène ? Où nous trouvons-nous ? Que se passe-t-il ?

  • SÉQUENCE 2

    Poursuite de la découverte de l'histoire

    15 minutes

    Après les 6 éléments que nous venons d'étudier, entreront en jeu 3 autres bribes de phrases que l'enseignant va faire apparaître, une par une. Il demandera à chaque groupe de compléter la phrase.

    Première phrase à compléter :

    ... que je m'en sorte

    La complexité ici est double : tout d'abord, l'expression "s'en sortir", se sortir d'une épreuve, d'une situation très difficile, devra être rendue compréhensible par le jeu du corpus d'exemples :

    - a) cet examen est vraiment trop difficile, je ne vais pas m'en sortir.
    - b) son chien est vraiment très malade, Marie pense qu'il ne va pas s'en sortir.
    - c) tu dois finir tout ça pour demain ? Tu ne vas jamais t'en sortir tout seul, je vais t'aider.

    Ensuite, il y a la présence du subjonctif présent introduite par un verbe et la conjonction "que". Les élèves devront avoir des connaissances de l'emploi du subjonctif présent tout au moins pour des formules simples : Il faut que je parte; il faut que tu viennes plus tôt demain matin...

    Pour aider les élèves, l'enseignant pourra remplacer "je m'en sorte" par : que je prenne un taxique j'aille voir un médecinque je te parle; que nous fassions ce travail...

    Deuxième phrase à compléter :

    Si je chante c'est pour que ...

    Nous apprenons que le personnage narrateur chante donc. Et il explique la raison pour laquelle il le fait.

    D'un point de vue grammatical, la conjonction "pour que" introduit le subjonctif. Des structures identiques sont à proposer : Si je travaille c'est pour que ... / Si je te le rappelle c'est pour que ... / Si je lui donne cette information c'est pour que...  Il faudra insister sur l'existence de deux sujets différents.  Ainsi: Si je travaille c'est pour que mes parents soient contents de moi / Si je te le rappelle c'est pour que tu n'oublies pas le rendez-vous / Si je te téléphone c'est pour que tu viennes plus tôt.

    Les groupes auront donc à proposer leur phrase complète introduite par : Si je chante c'est pour que ...

    Troisième et dernière phrase à compléter par chaque binôme:

    Si je m'endors, me ...

     

    L'ensemble de cette activité peut être présentée sous forme de petit diaporama PowerPoint comme celui proposé ici :

    Il s'agit donc d'un homme qui vit dans la rue, un SDF (sans domicile fixe), si l'on retient le terme administratif qui désigne ces personnes. Il nous raconte sa vie, ses galères et ses espoirs.

    Claudio Capéo, comme beaucoup d'autres chanteurs, mais aussi d'écrivains, de cinéastes, s'inspire du monde qui les entoure. La pauvreté, la détresse sociale est ici présente à travers une personne qui nous parle de sa propre vie. cet homme vit l'exclusion, ressent le froid et l'humiliation. Cet homme nous interpelle et, à travers nous, interpelle la société. Le titre de la chanson (que l'on pourrait demander à la classe de trouver) est fort et montre que cet homme reste digne malgré tout.

    Cette chanson peut être mise en parallèle avec la chanson du regretté Mano Solo: Les habitants du feu rouge que nous avons présentés lors des premiers numéros du F&V.

     

    Il est maintenant temps de s'intéresser aux paroles de cette chanson :


    Dernière étape nous passons à la visualisation du clip de la chanson :


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