Exploitation d’une scène du film "RIDICULE" de Patrice Lecomte, 1996

Type de document et source | vidéo, scène du film que l'on trouve sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=Xb1gX18EEV0&ab_channel=FilmsAnnonces |
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Niveau européen Public | Elèves de lycée et étudiants adultes |
Matériel | Ordinateur, vidéoprojecteur, tout appareil permettant de diffuser un document sonore ou vidéo |
Durée de l'activité | Une séance d'une heure environ |
Activité | Travail créatif autour d’une scène de Ridicule, de Patrice Lecomte |
Objectifs au niveau culture et civilisation contempraines et interculturel |
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Objectifs linguistiques | La langue littéraire et formelle |
Objectifs CECR |
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DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE
La démarche pédagogique retenue est celle de la pédagogie active. Les objectifs consisteront à :
- faire le lien entre culture italienne et culture française (dans le cas d'une classe ESABAC)
- comprendre qu’un principe édicté deux siècles avant la période étudiée demeure actif. Tout n’est pas que rupture, en histoire.
- découvrir un pan de civilisation souvent négligé bien que toujours actuel dans n’importe quel cercle où s’exerce le pouvoir.
- sensibiliser à une approche diachronique. Les sujets de littérature d’ESABAC sont construits selon cette approche. Y familiariser les étudiants se justifie donc.
La fiche que nous vous proposons est conçue pour une classe ESABAC mais peut s’exploiter avec un public non spécialisé, adolescent comme adulte. Dans ce cas, on passerait directement à la séquence 2.
SÉQUENCES
Préambule
durée variableSensibilisation / Compréhension écrite
5 à 10 minutesTravail lexical / Compréhension orale
5 à 10 minutesProduction écrite et orale
30 minutes environ
SÉQUENCE 1
Préambule
durée variableC’est un fait, le XVIIIème siècle est presque uniquement abordé sous l’angle des Lumières. Or, si on ne saurait faire l’économie de ces figures majeures de la pensée et de la littérature françaises, il est un autre pan un peu oublié. Il s’agit de la culture courtisane. Qu’on le veuille ou non, la grandeur de la langue de cette époque a partie liée avec ce qui paraît futile à première vue : le mode de vie de l’aristocratie à la cour. En effet, les mœurs, le langage, la manière de déplacer, tout devait être empreint de grâce. Il s’agissait de se montrer spirituel mais sans pesanteur. Cet art de vivre et de paraître en société, s’il s’est développé un peu partout en Europe au cours du Moyen Âge, va culminer entre le XVIème et la fin du XVIIIème siècle. Or cet habitus, pour le dire avec les mots de Bourdieu, a trouvé une codification sous la forme d’un traité paru en Italie au XVIème siècle sous la plume d’un certain Castiglione. Ces principes de bonne conduite trouveront leur expression la plus absolue à la cour de de Versailles, une cour que Patrice Lecomte, le réalisateur de Ridicule, caricature tout en la révélant dans ces aspects les moins flatteurs.
SÉQUENCE 2
Sensibilisation / Compréhension écrite
5 à 10 minutesCette séquence est principalement destinée aux élèves des classes ESABAC. Ces classes de lycées d'Italie ou de France visent à obtenir un double diplôme celui de fin de lycée en Italie ainsi que le baccalauréat français. Ce dispositif existe également en Espagne avec le BACHIBAC et en Allemagne avec l'ABIBAC.
Il s’agit d’introduire la notion en passant par la culture du pays des étudiants. Le professeur projette au tableau les textes suivants, tous issus du premier chapitre du Livre du Courtisan de Baldassare Castiglione (trouvables sur Wikisource). Le professeur, demande, pour chaque extrait, quelle peut être l’idée principale et pourquoi.
Nous vous fournissons des clés de compréhension et d’explication ci-dessous. L’idée n’est pas d’entrer dans les détails ni de se lancer dans un commentaire du contexte historique gravitant autour de l’ouvrage mais de délimiter les contours du courtisan idéal.
A « formare un Cortegiano senza difetto alcuno, e cumulato d’ogni laude, mi par necessario farlo nobile, sì per molte altre cause, come ancor per la opinione universale, la qual subito accompagna la nobilità. » XVII
B « e vera profession del Cortegiano debba esser quella dell’arme; » XXI
C « ’l Cortegiano ha da compagnar l’operazion sue, i gesti, gli abiti, in somma ogni suo movimento con la grazia » XXIV
D « questa eccellenza consiste nella sprezzatura » XVVII
A : Le courtisan doit être sans défaut. Nécessité du statut social. Justification par l’opinion commune (opinione universale)
B : On pense aux duels à l’épée pour régler les conflits d’honneur. Le courtisan doit garder un esprit combatif.
C : L’image de la perfection, encore une fois, cette fois sous la forme de « la grâce », comme si tout cela était naturel car la grâce ne s’apprend pas.
D : Le terme signifie « désinvolture », dans ce contexte. Paradoxe du courtisan : tout est artificiel en lui (c’est la cour!) alors que tout en lui doit paraître naturel.
SÉQUENCE 3
Travail lexical / Compréhension orale
5 à 10 minutesLa séquence se déroule en deux temps. Les étudiants vont d’abord découvrir la scène sans le son et la commenter brièvement en fonction du guidage que nous vous suggérons.
1 - Premier visionnage, sans le son
Qui sont les personnages ?
Des aristocrates, des nobles
Où sommes-nous ? Qu’est-ce qui se passe ?
Dans un salon de l’aristocratie ? Il s’agit d’un jeu faisant intervenir des mots.
Le plus jeune semble-t-il habitué à la Cour ? Comment le voyez-vous?
Non. Il semble peu sûr de lui, moins à l’aise, il regarde observe, il découvre.
Qu’a-t-il remarqué ? A votre avis que va-t-il faire ?
Il a remarqué que la comtesse trichait. Il va la dénoncer. Il va se taire.
Qu’espère l’abbé ?
Il espère que le jeune homme va échouer.
2 - Deuxième visionnage
En fonction du niveau de vos étudiants et leur aisance face à des scènes authentiques, vous distribuerez ou pas la transcription ci-dessous. Vous pouvez également, en fonction du temps dont vous disposez, demander aux étudiants d’identifier les mots-clés de chaque tirade.
- Soin, point. Envi [ndlr : à l’envi = à volonté] , eucharistie.
- Annoncez !
- Alexandrins !
- Je comptais en ces lieux voir le roi à l’envi, l’entendre, lui parler, et m’instruire par ses soins,
mais c’est comme le Christ en son eucharistie : on le mange, on le boit, mais on ne le voit point.
- Quelle merveilleuse vivacité !
- A vous, Baron !
- Conduite, suite. Santé, été.
- Puis-je voir votre éventail, Comtesse ? Il vient des Flandres. Quel ouvrage admirable !
- Annoncez !
- Octosyllabes !
- Toujours fidèle à sa conduite,
l’abbé sans nuire à sa santé,
peut faire deux mots d’esprit de suite,
l’un en hiver, l’autre en été.
- Pardonnez-moi, je me rappelle soudainement être invitée au chocolat du comte d’Artois.
- Vous nous quittez donc ?
- La joute continue.
-Madame, il semble que l’abbé Villecour se fie plus à sa mémoire qu’à son fameux esprit.
- Le prix, Monsieur, de votre discrétion !
- Soyez sans crainte, votre procédé ne sera pas ...éventé !
SÉQUENCE 4
Production écrite et orale
30 minutes environMaintenant que les étudiants ont bien compris l’esprit des mœurs de la cour, il vont devoir à leur tour jouer une scène se déroulant dans ce milieu. Les plus à l’aise pourront tenter de reproduire une scène de composition de vers comme dans le film. A défaut, nous vous suggérons d’autres contextes :
- une balade dans les jardins de Versailles afin de rencontrer le roi et de lui demander une faveur
- la révélation ou la création d’un complot afin de faire tomber un(e) noble
- le vol d’un objet dans le but de séduire quelqu’un ou de le mettre dans une situation inconfortable
- un mariage arrangé, norme à l’époque